Des enfants disparus dans d’étranges circonstances

La disparition de Fay Crawford

Le 26 mars 1992, à Fall Branch au Tennessee (États-Unis), la petite Fay Crawford, 3 ans, s’est endormie dans la voiture de ses parents alors que la famille rentrait tard à la maison. M. et Mme Crawford, parents de neuf enfants, décident de laisser Fay dormir dans le véhicule pendant qu’ils rentrent les autres enfants et les mettent au lit. Il n’y a pas de voisin proche, et les Crawford connaissent bien cet endroit où ils habitent depuis des années, alors ils ne voient pas de danger à laisser l’enfant quelques minutes sans supervision.

Mais lorsqu’ils retournent à la voiture, Fay a disparu. Rapidement, le shérif rejoint les Crawford et organise, avec une équipe, une recherche intense des alentours qui dure toute la nuit. Les parents, terriblement inquiets, savent que la petite ne porte pas de vêtements chauds et que la nuit s’annonce fraîche. Ils redoutent le pire.

Une excursion impossible

Vers 11 heures le lendemain matin, la petite Fay entre dans une maison située à 4,8 km du domicile familial et demande de l’aide. Elle est seule, nu-pieds, et se porte bien, malgré quelques égratignures sur le corps. Interrogée tour à tour par ses parents et le shérif qui lui demandent ce qui lui est arrivé cette nuit-là, Fay ne répond qu’en riant.

La conclusion heureuse de cette disparition n’éclipse pas cependant le mystère qui l’entoure. On pourrait facilement croire que la fillette se soit réveillée, soit sortie par elle-même du véhicule et qu’elle ait marché toute la nuit, dans le noir et la fraîcheur, jusqu’à cette maison située presque 5 km plus loin.

Ce scénario est peu probable quand on considère que le terrain qu’elle aurait dû arpenter est plutôt accidenté, et représente un défi pour une enfant de cet âge. Et le scénario devient carrément impossible lorsqu’on se rend compte que les poignées de porte de la voiture étaient brisées et ne pouvaient pas s’ouvrir de l’intérieur. La seule option pour la petite aurait été de baisser une des fenêtres et de s’y glisser. Seulement, toutes les vitres de la voiture étaient relevées.

Comment Fay s’est-elle retrouvée aussi loin de chez elle et bien portante, après avoir passé une nuit dehors, sans chaussures et sans vêtements appropriés? (1)

1ère partie: L'Ours, le Grand Homme et le Loup

Lorsqu’on lui a demandé ce qui lui est arrivé cette nuit-là, Fay a ri. Pas de mot, mais un rire qui en dit long. Un rire, ça évoque le plaisir, et le bonheur. Aurait-elle ri si elle avait eu peur, eu froid, si elle s’était sentie perdue?

D’autres petits enfants disparus et retrouvés vivants racontent d’étranges détails concernant ce qui leur est arrivé. Certains mentionnent la présence d’un animal ou d’un grand homme. Une présence rassurante, qui réchauffe, qui nourrit parfois. 

Est-ce le fruit de leur jeune imagination, ou ont-ils vraiment eu de la compagnie dans leur mésaventure?

Ida Mae et le gros ours

En 1955, M. et Mme Curtis et leurs sept enfants passent la fin de semaine du 4 Juillet en camping dans la forêt nationale de Kootenai, au Montana. Alors que la famille savoure un pique-nique, deux des enfants Curtis, qui jouent près de la tente, se mettent à crier. Ils racontent qu’un ours énorme est sorti de la tente en courant sur trois pattes.

Affolée, Mme Curtis se précipite dans la tente où dort Ida Mae, la plus jeune des enfants, âgée de 2 ans. La bambine n’est plus là! Mme Curtis cherche l’ours dans les alentours, mais il a déjà disparu.

Les enfants ne précisent pas la couleur ou l’espèce de l’ours qu’ils ont vu, mais il est connu que deux ours grizzly fréquentent la région. Mme Curtis suppose que l’ours a pris la bambine contre lui à l’aide d’une de ses pattes avant, ce qui expliquerait sa démarche sur trois pattes.

"Gros ours!"

250 personnes participent aux efforts de recherche pour retrouver Ida Mae. 22 heures après sa disparition, la petite est retrouvée saine et sauve, à environ 275 mètres de la tente familiale, de l’autre côté de la rivière, dans un abri grossièrement construit.

Ida Mae, qui ne porte qu’une petite blouse, un short et des chaussures, est bien portante. Malgré le froid et la pluie, elle est retrouvée sans une seule égratignure, ne présente pas de signes d’hypothermie et ses vêtements sont secs.

Lorsqu’on la réunit avec son père, la petite court vers lui et lui dit: « Papa! Ours! Ours! Gros ours! » M. Curtis pleure de joie en serrant sa fille dans ses bras. La bambine raconte, dans ses mots, que l’ours lui a donné des câlins et du réconfort pendant tout ce temps. Elle répète aussi « Gros lolos! », en parlant de l’ours.

La petite Ida Mae avec ses parents et sa soeur, après qu'elle fut secourue The Courier, Waterloo (Iowa), 5 Juillet 1955
La petite Ida Mae avec ses parents et sa soeur, après qu'elle fut secourue
The Courier, Waterloo (Iowa), 5 Juillet 1955

Un shérif en colère

Après le soulagement des retrouvailles passé, le shérif intervient. En colère, il demande à la famille de cesser de raconter cette anecdote d’enlèvement par un ours. « Arrêtez de raconter cette histoire! Elle est impossible. Cela n’est pas arrivé et n’en parlez plus. »

Le shérif a-t-il raison? Si Ida Mae a réellement été enlevé par un ours, ce comportement serait des plus inusités. Des grizzlys se sont déjà introduits dans des tentes de campeurs, mais ils y ont attaqué les gens. Le fait qu’Ida Mae s’est sortie de cette mésaventure sans une seule égratignure est étrange. S’agirait-il d’une femelle ourse qui aurait perdu son bébé et qui aurait cherché à le remplacer?

Les « gros lolos » dont a parlé l’enfant, font référence à une poitrine de femme. Se pourrait-il alors que ce soit une femelles sasquatch qui ait enlevé Ida Mae?

Il est possible aussi que l’imagination fertile de l’enfant ait inventé cet ours de toute pièce. Mais si c’est le cas, comment la petite a-t-elle pu se sortir de cette situation sans tomber en hypothermie, et sans égratignure alors que le terrain autour de son abri était difficile d’accès? 

Malgré toutes ces hypothèses, l’enlèvement d’Ida Mae Curtis reste un mystère. (2, 3, 6)

Ida et l'ours - Illustration par Walter Molino

"Monsieur le loup"

En 1868, les journaux racontent qu’une petite fille non-nommée de trois ans disparait du camp de bûcheron de son père dans le nord du Michigan. Afin de retrouver son enfant, le père engage deux chasseurs professionnels qui cherchent la petite. Ils crient son nom, mais n’entendent pas de réponse.

Le lendemain, alors qu’ils sont près d’une rivière, ils entendent une faible voix provenant d’un épais bouquet de broussailles. Lorsqu’ils s’avancent, les hommes voient une énorme silhouette sombre surgir du fossé et traverser rapidement la rivière, avant de disparaitre. Dans les broussailles, ils trouvent la petite, saine et sauve.

Elle explique que « Monsieur le loup » ne la laissait pas partir, et qu’il avait mangé son chapeau et ses gants. Elle ajoute aussi que le loup lui a apporté des baies dans ses mains pour la nourrir. (3)

"Le grand homme"

Les Gwich’ins, des autochtones d’Alaska, ont dans leur folklore une entité nommée Na’in, ou « homme des bois », qui est reconnu pour enlever des enfants. Mais est-ce que cette légende peut vraiment expliquer la disparition suivante?

Cela se passe à l’automne 2017, dans un village arctique de l’Alaska d’environ 150 résidents. Ce village d’autochtones Gwich’ins est situé dans une vallée, au coeur du Refuge national de la faune arctique, et est entouré par des lacs, des marais, et au loin par de magnifiques montagnes.

Ce jour-là, il fait beau et plusieurs enfants jouent dehors. Vers la fin de l’après-midi, une mère appelle ses enfants pour qu’ils rentrent, et voit son adolescent et son bambin de 3 ans se diriger vers la maison.

Toutefois, lorsque le plus vieux entre et qu’elle lui demande où est son petit frère, il explique qu’il croyait que le garçon était déjà rentré. Ils le cherchent, mais le gamin n’est nulle part.

Arctic National Wildlife Refuge - Credit:Hillebrand/USFWS, Domaine public
Arctic National Wildlife Refuge - Credit:Hillebrand/USFWS, Domaine public

Une distance impossible

Utilisant la radio CB du village, ils demandent de l’aide aux autres résidents qui se joignent rapidement à la recherche et explorent les alentours. C’est en utilisant des jumelles d’observation que la mère de l’enfant aperçoit finalement quelque chose de l’autre côté d’un des lacs. L’endroit se trouve à environ 1,6 km, et pour s’y rendre, il faut traverser des terrains marécageux, trempés et accidentés. Elle envoie son adolescent en VTT vérifier sa découverte. 

30 minutes plus tard, il revient avec son petit frère. Le soulagement de la mère est immense, mais rien n’explique comment son fils de trois ans s’est retrouvé aussi loin. Il est impensable qu’il ait marché une telle distance dans un temps si court. 

Le bambin se porte bien, et ses vêtements ne sont pas couverts de boue, comme on pourrait s’y attendre si le petit avait traversé ces marais à pied. De plus, il ne porte plus ses chaussures. Lorsque sa mère lui demande ce qui lui est arrivé, le garçon répond que le « grand homme » l’a pris. Cette réponse énigmatique reste le seul indice, plutôt mince, sur cette disparition étrange. (4)

Alice et le grand homme noir

Une coupure de journaux de l’époque rapporte que le 25 août 1898, une fillette de 3 ans nommée Alice Rachel Peck est portée disparue dans la petite communauté de Burns Valley, en Pennsylvanie.

Ce jour-là, un groupe de personnes, incluant Alice et sa mère, était allé cueillir des petits fruits. Lorsqu’Alice s’aperçoit que sa mère est retournée à la maison, elle décide d’aller la retrouver et part toute seule, mais n’arrive jamais chez elle. 

Les recherches pour la retrouver mobilisent un grand nombre de voisins et durent trois jours. Elle est retrouvée saine et sauve le 28 août vers 7 heures du matin, et elle se porte bien, quoiqu’elle a très faim.

Elle explique que pendant ces trois jours, elle n’a mangé que des baies. Elle ne porte plus ses chaussures, et n’a plus son bonnet. L’endroit où elle a été trouvé est assez loin du lieu où elle avait été vue la dernière fois, et le terrain est accidenté, parsemé d’arbres, de buissons et de gros rochers. Il était difficile de croire que la petite Alice ait pu parcourir une telle distance. Lorsqu’on lui demande comment elle a pu escalader toutes ces grosses roches par elle-même, elle répond: « C’est le grand homme noir qui m’a aidée ».

À l’époque, aucun noir n’habitait Burns Valley. S’il y avait eu un noir nouvellement arrivé dans la région, les habitants l’auraient su. (3) 

Lewis W. Hine, 1910, Domaine public

2ème partie: Points communs entre les disparitions

Si on compare plusieurs de ces étranges disparitions d’enfants, on peut percevoir certains points communs.

  • Il est fréquent que ces enfants soient retrouvés dans des endroits difficiles d’accès. Ce peut être un endroit trop loin, ou dans une zone où le terrain est fortement accidenté.
  • Il est fréquent aussi qu’il manque à ces enfants une partie de leurs vêtements, malgré le froid ou les intempéries, sans qu’il n’y ait vraiment d’explication.

Ces deux points communs se retrouvent dans l’histoire suivante:

La disparition de Keith Parkins

Le 10 Avril 1952, le petit Keith Parkins, 2 ans, est en visite au ranch de ses grands-parents, à Ritter en Oregon, en compagnie de sa mère et de ses frères. Il fait froid cette journée-là, il y a même de la neige au sol, mais cela n’empêche pas les garçons de jouer dehors. Lorsque leur mère les appelle pour manger, les deux plus vieux rentrent rapidement à l’intérieur, mais le petit Keith, lui, ne rentre pas. Questionnés par leur mère sur les allées et venues du plus jeune, ils répondent qu’il était parti derrière la grange. Seulement, après vérification, Keith ne s’y trouve plus. Il n’est nulle part en vue.

Des recherches mobilisant plus de 200 personnes sont tout de suite entamées. Dans un champ se trouvant à 5 km de la grange, et abritant un troupeau de boeufs, des traces de pas correspondant à la pointure de Keith sont trouvées dans la neige. Difficile d’y croire, puisque pour s’y rendre, il aurait fallu que le bambin traverse un terrain accidenté et des clôtures en barbelés, mais les traces sont bien là. 

Les recherches se poursuivent dans la nuit. À 7 heures le lendemain matin, une autre découverte: le corps de Keith, étendu face contre terre, dans un champ situé dans Skull Canyon. Le petit est raide de froid, inconscient, mais bien vivant! À côté de lui, son manteau et son chapeau qu’il ne porte plus malgré le gel. 

Transporté à l’hôpital à bord d’un avion privé, Keith fera une rémission complète et ne gardera aucune séquelle de sa mésaventure.

La fin heureuse de cette histoire n’éclipse pas le mystère qui l’entoure: comment le petit Keith s’est-il retrouvé dans Skull Canyon?  Cet endroit se trouve à presque 20 km du champ où ses traces de pas avaient été localisées.

Keith Parkins à 2 ans
Keith Parkins à 2 ans

Expertise

Keith a été trouvé le visage écorché et les vêtements déchirés. Questionné à ce sujet, il répond que c’est le chat qui l’a griffé. Certains pensent qu’en mentionnant un chat, le bambin parlait en fait d’un cougar qui l’aurait enlevé. Mais si cet animal avait laissé Keith dans Skull Canyon, il aurait laissé des traces dans la neige à côté du petit. Cette hypothèse n’est donc pas possible.

Dans le cadre du film-documentaire « Missing 411 », qui explore des disparitions mystérieuses dans la nature, l’expert en survie Les Stroud a recréé le chemin parcouru par Keith ce jour-là. Il a traversé des champs, des terrains accidentés, des barrières et des ruisseaux. L’expert en conclut qu’il est impossible qu’un bambin de deux ans ait fait un tel parcours en 19 heures, incluant plusieurs heures de noirceur.

Mais comment le petit Keith Parkins a-t-il bien pu se retrouver à cet endroit? Aujourd’hui adulte, il ne se rappelle plus des événements et n’a aucune idée de ce qui a bien pu lui arriver ce jour d’Avril 1952. Sa mésaventure reste donc un mystère complet. (5)

Référence: Missing 411

David Paulides est un ex-enquêteur de police qui a conçu une série de livres et de documentaires concernant des disparitions mystérieuses de gens dans la nature. Dans ses ouvrages, regroupés sous le titre « Missing 411 », il se consacre aux disparitions qui ne peuvent pas s’expliquer de prime abord par une des raisons suivantes : prédation animale, noyade, meurtre, troubles mentaux ou suicide, ou s’il est clair que la personne voulait délibérément quitter sa vie d’avant et ne pas être retrouvée.

Regroupées ensemble, ces disparitions non résolues créent un portrait inattendu: il en ressort des ressemblances singulières.

Plusieurs des cas mentionnés dans cet article ont d’abord été étudiés par David Paulides.

David Paulides a écrit la série de livres "Missing 411"

Un commentaire

  1. Il y a l’hypothèse d’un enlèvement par des OVNIs. Ils peuvent prendre des apparences variées, notamment animales.

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