le joueur de tambour chez Mompesson

Le joueur de tambour accusé de sorcellerie: était-ce un cas de poltergeist?

1661, Tedworth (Royaume-Uni)

Un jour que M. John Mompesson rentrait chez lui d’un séjour dans la capitale, il apprit qu’un soir pendant son absence, sa femme et ses enfants avaient été effrayés par de lourds coups portés à la porte d’entrée, accompagnés de voix fortes qui demandaient à entrer. Comme la demeure était située dans un endroit isolé, la famille n’avait pas répondu aux demandes.

Furieux, M. Mompesson jura d’attraper les scélérats. Le soir même, le manège recommença. Muni d’une lanterne et d’un pistolet, l’homme ouvrit la porte d’entrée pour faire face aux malfaiteurs, mais il fut surpris de n’y trouver personne. Peu après, les coups recommencèrent, mais à une deuxième porte cette fois. Mompesson se dépêcha de l’ouvrir, pour faire face au même résultat. S’avançant dans la nuit, l’homme cru entendre un son étrange, qui semblait surnaturel. La peur le saisit. Plus tard, alors qu’il était retourné au lit, il entendit un bruit retentissant, comme frappé sur le toit de la demeure. 

Le tambour

Il se rappela alors qu’il avait rangé le tambour d’un étranger dans son grenier. 

Environ un mois auparavant, William Drury, un vétéran de la guerre civile anglaise qui avait servi pendant la guerre comme joueur de tambour, s’était présenté dans la ville de Tedworth (aujourd’hui appelée Tidworth) pour demander la charité. L’homme était sans le sou, et il voyageait d’un hameau à l’autre, demandant la charité au rythme de son tambour, la seule possession qui lui restait. Seulement, M. Mompesson, agent d’accise de la ville, jugea que Drury troublait la paix avec son instrument, et il donna l’ordre que le pauvre homme soit jeté hors de la ville, et que son tambour soit saisi. 

Mompesson n’avait plus repensé à cette anecdote. Jusqu’à maintenant. Jusqu’au grand coup porté sur le toit de sa maison. Et si Drury était mort? Et s’il était revenu pour se venger de Mompesson, et réclamer son tambour?

Les bruits recommencèrent, et cette fois, ils furent accompagnés de battements de tambour. Comme pour agacer Mompesson. Ou pire, pour confirmer ses craintes.

joueur de tambour

Encore plus de phénomènes insolites

Dans les jours qui suivirent, d’autres phénomène insolites s’ajoutèrent au vacarme. Des chaises valsaient toutes seules dans les airs. Des lumières flottaient ici et là. La mère de M. Mompesson, qui habitait avec eux, trouva dans son lit un couteau placé en position verticale. Une bible trouva moyen de se faufiler par elle-même dans les cendres de la cheminée. L’apparition d’un grand homme avec deux yeux rouges brillants effraya un des employés.

Mais la hantise s’attaquait surtout aux enfants Mompesson, dont la plus âgée avait 10 ans. Les couvertures étaient arrachées de leur lit en pleine nuit et jetées par terre. Des bruits de griffure semblaient provenir de sous leur lit. 

Il arriva à quelques reprises que les enfants s’élevaient dans les airs et lévitaient, si bien que six hommes n’arrivaient pas à les faire redescendre. Puis, ils retombaient, se fracassant parfois contre un objet.

Afin de soulager ses enfants, leur père envoya les plus jeunes loger chez un voisin, et il fit dormir la plus âgée dans sa chambre à lui. Mais dès que les jeunes Mompesson furent intallée chez eux, la maison des voisins devint elle aussi le siège d’activités surnaturelles. Et la chambre de John Mompesson, habituellement calme, devint troublée par les phénomènes dès que son aînée y dormait.

Un prêtre tenta d’exorciser les lieux mais sans succès. Durant le rituel, les meubles de la pièce se mirent à danser et même à frapper l’homme d’église. 

Le procès

Malgré les dizaines de curieux qui affluaient chaque jour à la maison des Mompesson pour être témoins du phénomène, l’agent Mompesson fut accusé de tromperies.

Après plusieurs mois de troubles et d’enfer, il vint à l’esprit de Mompesson que William Drury était peut-être encore vivant. Et si l’origine des phénomènes était de la sorcellerie plutôt que de la hantise? Ayant discuté de son idée avec les curieux qui visitaient sa maison cette journée-là, un des visiteurs eut l’idée de demander tout haut une réponse: « Satan, si c’est le joueur de tambour qui t’ordonne de t’exécuter, frappe trois fois, pas un coup de plus. » Après quoi, trois coups bien distincts furent entendus. Cinq coups furent alors demandés, question de vérifier que ce n’était pas une méprise, et cinq coups nets furent reçus. John Mompesson en conclut que le joueur de tambour était encore bien vivant. Et qu’il s’amusait à lui faire vivre l’enfer par l’entremise de la sorcellerie.

William Drury fut traqué et mené devant les tribunaux. Il subit un procès, durant lequel les événements insolites qui se produisaient depuis des mois chez M. Mompesson furent décrits en détails. Malgré tout, le jury trouva Drury innocent, citant le manque de preuves. Toutefois, l’homme fut trouvé coupable d’avoir volé un cochon à Gloucester, et il fut déporté vers la Virginie. 

Les phénomènes surnaturels dans la maison des Mompesson cessèrent aussitôt. 

Hypothèses

À votre avis, était-ce bien un cas de sorcellerie?

Beaucoup d’éléments de cette histoire se retrouvent également dans plusieurs cas modernes de poltergeist:

  • Présence d’enfants pré-pubères particulièrement visés par les phénomènes mystérieux, phénomènes qui les suivaient même dans leurs déplacements,
  • Manifestations physiques comme des coups et des mouvements d’objets,
  • Phénomènes qui réagissent aux demandes et mêmes aux pensées des personnes présentes  

Plusieurs sceptiques affirment que les événements étranges survenus chez les Mompesson relevaient plutôt du canular. Ils accusent tour à tour les employés de la maison, les enfants Mompesson ou une bande de Gitans d’être responsables de la tromperie.

Référence

  • H. Addington Bruce.- Historic Ghosts and Ghost Hunters.- New York: Moffat, Yard & Company, 1908.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *